Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler d’une forme de chant qui me tient particulièrement à cœur : le chant grégorien.
On pourrait croire que le chant grégorien appartient à un passé lointain, réservé aux monastères, aux études musicologiques ou aux musées. Pourtant, je peux vous dire, pour l’avoir vécu et transmis depuis des années, que chanter du grégorien est une expérience vivante, puissante et intemporelle.
Alors, qu’est-ce qui fait du chant grégorien une aventure vocale si unique, et pourquoi ce répertoire revient-il aujourd’hui au premier plan ?
Qu’est-ce qui rend le chant grégorien si particulier ?
Le chant grégorien est une musique monodique, c’est-à-dire qu’il ne comporte qu’une seule ligne mélodique, sans harmonies ni accompagnement instrumental. Mais attention : « monodique » ne veut pas dire « plat » ou « ennuyeux ». Bien au contraire !
Dans le grégorien, la richesse se trouve dans les nuances, dans la qualité du phrasé, dans la précision des intervalles, dans la souplesse du rythme. Le rythme, d’ailleurs, n’est pas métronomique : il suit l’énergie naturelle de la voix et la fluidité de la prosodie du texte latin. C’est ce qui rend d’ailleurs le grégorien si délicat à chanter, surtout en groupe ! Il est très difficile de chanter bien ensemble sans rythme écrit. C’est un challenge qui vient nous faire progresser en écoute et en attention.
Chanter du grégorien, c’est entrer dans un autre rapport au temps, plus organique, plus intérieur. C’est aussi développer une écoute très fine de sa propre voix et de celle des autres : devenir un oiseau dans la murmuration, ou un petit poisson dans le banc de poissons qui se déplace d’un bloc. Nous apprenons petit à petit à moins intellectualiser la musique, et à plus la ressentir d’instinct. Bien souvent l’exercice est difficile au début, et puis, un « sixième sens » se met en place, celui de l’imitation quasi immédiate : une faculté qui se perds au sortir de l’enfance, quand la réflexion prend le pas sur l’imitation. Revenir à ce « sens » primitif nous fait du bien : ça nous aide à lâcher prise et à se reconnecter à notre intuition.
Pourquoi cet art ancien séduit-il de nouveau aujourd’hui ?
Depuis quelques années, on observe un véritable regain d’intérêt pour le chant grégorien, et ce n’est pas un hasard.
Dans un monde où tout va de plus en plus vite, où la performance est omniprésente, le chant grégorien propose une forme d’essentialité. C’est un espace de ralentissement, de recentrage sur l’essentiel, où la voix nue et l’intention pure sont au cœur de l’expérience.
De plus, la beauté dépouillée du grégorien offre une méditation en musique. C’est une manière de se reconnecter à soi, aux autres, et au sacré, quel que soit le sens que chacun donne à ce mot. J’aime beaucoup que le chant grégorien soit fédérateur, au delà des croyances de chacun. Je remarque que les participants vivent parfois des émotions très fortes pendant les séances de grégorien, ça vient toucher profondément et de manière très diverse : chaque personne développe son propre rapport au chant grégorien, c’est personnel !
Enfin, sur le plan vocal, pratiquer le grégorien est un exercice exceptionnel : il affine l’oreille, solidifie l’intonation, travaille la maîtrise du souffle et la justesse, avec une profondeur que peu d’autres styles permettent d’atteindre. C’est un chant qui est à la racine de toute la musique occidentale. Comprendre le chant grégorien permet de comprendre une partie de notre histoire et d’avoir une vue d’ensemble sur l’origine de la théorie de la musique occidentale. (Parce qu’il n’y a pas qu’une seule théorie de la musique au monde, il y en a beaucoup !)
Comment nous pratiquons le chant grégorien dans mon école
Quand je propose un stage ou un atelier de chant grégorien, je m’appuie sur mes 30 ans d’expérience de chant grégorien, oui, j’ai commencé tôt, chez les Dominicaines, mais ça m’a tout de suite passionné. J’ai ensuite fait connaissance avec le chant grégorien historiquement informé, éclairé par la science de la musicologie, à la Schola Cantorum de Bâle, particulièrement auprès de Dominique Vellard.
Pas besoin d’être spécialiste ni de savoir lire le latin : je guide les participants pas à pas, en expliquant un maximum de choses, le contexte, le sens des textes, les modes médiévaux, les différents courants etc … parce que je pense qu’il est important d’avoir des repères et de comprendre. Mais je vais mets aussi l’accent sur la beauté du geste vocal, la qualité de l’écoute et le rapport à l’architecture à laquelle je suis très sensible, ce qui fait de mon approche une expérience vivante, sensible et accessible.
Nous chantons souvent dans des lieux inspirants : chapelles, églises romanes, sites naturels… Car le grégorien est fait pour résonner avec l’architecture et l’acoustique des lieux.
Pendant les stages, nous abordons :
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l’apprentissage des modes grégoriens (ces magnifiques échelles musicales qui sont un peu inhabituelles pour nos oreilles modernes ,
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le travail sur la respiration et le phrasé, avec des techniques très précises, en lien avec l’acoustique du lieu.
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la prosodie du latin chanté,
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et surtout le plaisir de chanter ensemble, à l’unisson, dans une écoute subtile et sans pression, sans compétition.
Mon objectif est que chacun(e) reparte plus libre dans sa voix, plus nourri intérieurement, et avec la joie simple d’avoir vécu un moment de pure vibration collective, dans un beau lieu !
Envie de découvrir ou redécouvrir le chant grégorien avec moi ?
Je propose une fois par an un stage de chant grégorien itinérant, dans les plus beaux lieux sacrés du Var (ou d’ailleurs !) : nous alternerons entre pratique vocale, conférences et découverte des lieux sacrés.
Il y a aussi l’atelier de chant grégorien itinérant, la schola Notker Balbulus, ouverte à tout le monde, 2h par mois, un samedi matin.
👉 Pour plus d’informations, écrivez-moi directement ou consultez la page dédiée sur mon site.
Je vous mets ci-dessous des vidéos qui montrent nos anciennes sessions.
Je serai ravie de partager cette aventure avec vous.
Dites-moi en commentaire ce que vous en pensez, et surtout, comment vous vivez le chant grégorien ? Qu’est-ce que ça vient faire résonner en vous ?
À très bientôt,
Lisa Magrini
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