La justesse ou la peur de chanter faux…

Souvent on me demande si tout le monde peut chanter…
La réponse semble évidente, si vous pouvez parler, alors vous pouvez chanter. « oui, mais moi je chante faux ! » me réponds-t-on souvent.

Voici la réponse que j’ai envie de faire à tous ceux qui pensent chanter faux :

La voix est un instrument comme les autres, il faut pratiquer ! (sauf de rares exceptions de voix dites naturelles, le genre de personne qui a une belle voix sans jamais l’avoir travaillé… ce qui est assez rare )
Pratiquer, c’est essentiel pour apprendre à se servir de sa voix, pour exercer l’oreille, et pour habituer la musculature à certains mouvements propres au chant.

Oui, tout le monde peut chanter, la clef c’est le travail, la patience et l’amour de soi.

Pourquoi l’amour de soi ? Parce qu’une voix, ça se développe lentement, et il faut s’aimer et être bienveillant avec soi-même pour respecter le rythme de l’épanouissement vocal. A vouloir aller trop vite, on se brusque, on se tends, on se juge, on se bloque… et on finit souvent par se faire « mal à la voix ».

Oui, tout le monde peut chanter, et bien chanter, mais tout le monde ne se l’autorise pas ! Car souvent c’est là où ça coince… tout le monde peut chanter, mais on ne se l’autorise pas à cause de la peur de chanter faux !

La peur de chanter faux est un très vilain cercle vicieux.

Prenons un cas fictif, on va l’appeler Marc ! (ou Josette, comme vous préférez)

Au moment de se mettre à chanter, Marc (ou Josette), qui pense chanter faux, va avoir tendance à se crisper à cause de la crainte de se faire juger (on a tous eu des réflexions désagréables du genre : « tu chantes faux, » « il va pleuvoir » et autres comparaisons avec des casseroles…)

Cette peur du jugement génère bien entendu des tensions qui vont gêner l’émission vocale. Les sensations risquent d’être désagréables (gorge serrée, mâchoire crispée etc ;..). L’expérience du chant est assimilée à du stress et à de la peur avec des sensations peu agréables, par conséquent Marc (ou Josette!) aura tendance à chanter de moins en moins, et n’osera peut-être même plus faire un son.

Or, sans entraînement, la voix ne peut pas s’épanouir, la musculature n’est pas activée, on va dire que l’instrument « se rouille » parce que pas assez utilisée.

Alors évidemment, au moment de se mettre à chanter, Marc (Josette) va faire un son « rouillé » qui va confirmer que décidément le chant n’est pas fait pour lui/elle.

Ainsi on a une réaction en chaine : Peur (légitime ou non) de chanter faux > peur du jugement > crispations / tensions > sensations peu agréables > abandon de la voix > confirme dans l’idée fausse qu’on ne peut pas chanter.

Vous remarquerez que la logique est la même si Marc (ou Josette) chante faux pour de vrai, ou simplement pense chanter faux parce que sa cousine lui a dit « baaaaaah tu chantes faux » quand ils avaient 8 ans !

Pour chanter juste et améliorer sa voix, il faut réussir à sortir de cette logique toxique !

Il paraît qu’il y a des personnes qui chantent irrémédiablement faux, mais en 13 ans de carrière de professeur de chant je n’en ai encore jamais rencontré. Attention, j’ai eu des élèves qui chantaient très (très ) faux, mais avec patience et méthode toutes ces personnes ont considérablement amélioré leurs voix en brisant ce cercle vicieux.

Alors comment chanter juste ?

Déjà, en cours de chant ou lors de stages de chant, nous commençons par éliminer les peurs qui sont paralysantes et empêchent de bien faire fonctionner l’instrument vocal. Puis nous travaillons sur la confiance en soi pour remplacer les sentiments négatifs par des sentiments positifs. Après ce travail psychologique et émotionnel de la voix, nous pouvons commencer à travailler un peu plus musicalement, sur les perceptions, sur l’oreille- comme on dit- (c’est à dire entendre les hauteurs de son, les intervalles etc… ) et enfin, nous travaillons la technique vocale pour relancer la machine, prendre des bonnes habitudes, sentir où sont les résonances dans le corps, apprendre à laisser les cordes vocales tranquilles, et libérer le larynx, harmoniser voix de tête et voix de poitrine, trouver sa véritable tessiture, calmer le diaphragme, équilibrer les voyelles, trouver une juste émission sonore sans forcer la voix etc.

Vous verrez qu’ainsi, chanter faux est loin d’être une fatalité !

Vaste programme, et dépendamment du vécu de chaque personne, cette révolution peut prendre un temps variable, de quelques semaines à quelques mois, mais encore une fois : patience et bienveillance sont la clef !

Et vous, avez-vous peur de chanter faux ?
Avez-vous des pensées limitantes sur votre voix ?
Tante Jeannette (ou votre voisine de chorale) vous a-t-elle dit « arrête de chanter, tu me casses les oreilles ! » ?

Si vous avez mentalement répondu oui à une de ces questions, je vous encourage à oser briser le cercle vicieux en témoignant dans la partie commentaire de ce blog !

Lisa Magrini
Soprano lyrique et coach vocal

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