Festival de la voix 2018 : le récit d’une festivalière

Clotilde Foulier, bénévole de l’association Vox Vagans a assité au festival de la voix (la grande fête de la voix !) en Octobre 2018. Elle partage ici ses impressions …

LA GRANDE FETE DE LA VOIX 12-13-14 octobre 2018 – Salle F. Mistral – Seillons Sce d’Argens (83).

UN FESTIVAL D’ART VOCAL

Chaque année, à l’automne, l’Ecole de Chant Magrini organise un festival d’art vocal dans le village de Seillons. Tout au long du week-end sont programmés divers concerts, spectacles, ateliers participatifs et conférences. Le thème, c’est tout simplement la voix ! En l’écoutant ou en l’expérimentant, à travers l’art vocal, nous découvrons ses possibilités, ses faces cachées, son Histoire. Chants ancestraux, modernes, a capella, polyphoniques, improvisés, d’ici ou d’ailleurs : il y en a pour tous les goûts : aucune limite, du moment que la voix est de la partie.

La Fête de la Voix, c’est un événement convivial et ouvert à tous. Il suffit d’avoir envie de découvrir, de rêver, de partager et de s’amuser !

Pour vous décrire un peu l’état d’esprit, je vais vous raconter comment s’est déroulé le festival, ce que j’y ai découvert et ressenti. Celles et ceux qui n’y ont pas assisté auront peut-être envie de nous rejoindre pour l’édition 2019, qui sait ? Quant à celles et ceux qui étaient présents, j’espère que ce récit leur rappellera de bons souvenirs.

VENDREDI 12 OCTOBRE 2018

21h30 : Hommage à Jacques Brel – Ensemble vocal Les 4 Vents et solistes de l’Ecole de chant Magrini.

Les élèves et les choristes ont chanté plusieurs chansons de Jacques Brel, hélas je n’ai pas assisté à ce concert, mais j’ai entendu dire que l’émotion était au rendez-vous ! … Je passe donc à la suite.

SAMEDI 13 OCTOBRE 2018

15 h 30 : La Grande forêt de l’Hiver – Spectacle jeune public – Marine et Vincent Magrini. 

Marine, accompagnée par son frère Vincent, nous offre un extraordinaire moment familial avec ce spectacle. La petite Maroussia se rend tous les jours chez son grand-père qui lui raconte les histoires de la Grande Forêt. Mais attention au Troll qui rôde ! Me voilà plongée dans un univers où la chanson, le conte et le théâtre d’objets tissent le fil d’histoires merveilleuses, amusantes et poétiques. Je redeviens enfant le temps d’un spectacle. Tout autour de moi, suspendus au son de la voix de Marine, petits et grands retiennent leur souffle… et quand le Troll tente de s’exprimer, nous éclatons de rire à l’unisson.

Ici, l’art vocal guide le public au cœur de l’imaginaire ; c’est la magie des mots et des mélodies.

18 h30 : Choeur des Ateliers : « Polyphonies magiques de la Baltique à la Géorgie » avec quelques surprises ! Direction Lisa Magrini. 

Avec ce concert, la voix nous fait voyager : au gré des chants, on change de pays, de style, d’ambiance. C’est là un bon aperçu de toute l’inventivité déployée par les humains quant à l’expérimentation de la polyphonie. Je me sens bercée par la musique de ces différents langages… une diversité qui fait la richesse et la beauté de notre monde.

Mais l’éclectisme de ce répertoire montre aussi que, quel que soit le lieu et l’époque, les humains ont toujours eu ce besoin de se rassembler et d’unir leurs voix. Cela nous permet, en tant qu’individu, de faire partie d’un tout, et il suffit d’avoir déjà chanté en groupe, que ce soit au sein d’un chorale, en famille, entre amis, à la messe, en manifestation ou dans un stade, pour comprendre cette sensation incomparable de connexion, de partage et de force qui est si plaisante et bénéfique.

La voix, lorsque nous chantons ensemble, nous unit, nous connecte entre nous d’une manière très puissante.

Après ce concert (dont les surprises étaient de l’improvisation vocale et une jeune femme voltigeant dans les airs au gré des sons ! Magnifique de poésie !), et en attendant le prochain, nous dégustons un apéro dînatoire gréco-provençal, absolument délicieux, et préparé avec amour par des élèves chanteurs formant un groupe plein d’énergie et toujours au rendez-vous pour mettre la main à la pâte quand il s’agit de partager un bon moment, lors des événements organisés par l’école Magrini. C’est là qu’on voit qu’au sein de leur école et à travers leurs méthodes, Lisa et Matias ne proposent pas uniquement des cours de chant, mais bien plus, car ils ont su fédérer autour d’eux de belles personnes. On se régale, ça discute dans tous les coins, l’heure tourne et voilà que nous nous rasseyons, car le concert suivant va commencer…

20h30 : Concert ‘Paysages d’Argentine » – Mariana Hernandez (chant), Diego Trosman (guitare) et Matias Miceli (guitare, bombo)

L’Argentine est un pays auquel je suis attachée, par lien familial et par expérience de voyage : c’est pourquoi ce répertoire me touche d’autant plus. Ce concert m’emplit d’une nostalgie heureuse ; j’y retrouve ce que j’ai pu saisir de l’esprit argentin. Ces chants me transportent… j’en ai quelques frissons, surtout quand ils me transmettent ce mélange particulier de tristesse et de force, la beauté d’une mélancolie chargée d’énergie.

Et, malgré la distance entre la scène et le public, ces morceaux évoquent une atmosphère intimiste, propice à la chaleur humaine, au partage.

Des voix, des sons changent le décor autour de nous, encore une fois. Ils nous rappellent aussi que pour rester fort lors des plus sombres heures, le chant et la musique jouent un rôle essentiel, et expriment parfois ce qui ne peut être dit en parlant.

DIMANCHE 14 OCTOBRE 

11h00 : Atelier d’improvisation, circle songs et chant dyphonique. 

Malheureusement, je n’étais pas là à ce moment-là, mais par le passé j’ai déjà eu l’occasion de faire ce genre d’expérience vocale avec Lisa et Matias, en participant à certains ateliers. A chaque fois c’est un moment intense, de connexion aux autres mais aussi à soi-même. On s’ouvre, on découvre, et on s’amuse !

16H00 : Concert conférence : MO-MO (Du Moyen-âge à Mozart) Comment la voix a-t-elle évolué au fil des siècles ? – Lisa Magrini, soprano, et Dimitri Goldobine (clavecin, luth, organetto et théorbe).

Intégrer ce concept dans la programmation est une bonne idée, et j’espère que la prochaine édition du festival nous proposera l’épisode suivant.

Lisa nous raconte comment la façon de chanter a changé au fil du temps, et pour chaque époque traversée, elle nous chante un extrait représentatif, a capella ou accompagnée par Dimitri, et parfois en polyphonie grâce à la participation de l’une de ses élèves.

Rien de tel pour constater à quel point l’art vocal a été – comme tout autre art et outil humain – travaillé, retravaillé, modelé, et ce toujours en phase avec le contexte historique, selon différents enjeux. Dans l’Histoire de l’art vocal transparait celle de notre culture et de notre civilisation.

La partie explication est très claire et instructive, et les passages chantés sont des moments de pure émotion. Ce sont là des musiques très anciennes, cependant, leur impact est resté le même. Elles traversent les siècles, ouvrant une porte sur l’éternité. Il suffit alors d’une voix, et ces chants nous touchent encore, car le temps n’a pas de prise sur les sentiments humains. Il est extraordinaire de pouvoir sentir en notre for intérieur toute la puissance d’une musique ayant plus de 800 ans… Cela me fascinera toujours.

La voix nous a transporté dans l’imaginaire, dans l’espace, et désormais, elle nous transporte dans le temps.

19h30 : Concert des Swing Cockt’elles.

Le festival se clôt avec un spectacle pétillant, plein d’humour et bien rodé, où tout s’enchaîne à un rythme endiablé. Trois chanteuses et un pianiste reprennent les musiques les plus connues ; on passe du chant lyrique à Britney Spears en un clin d’œil. Le niveau technique me laisse admirative, ainsi que le grand travail d’arrangement qui a dû être accompli afin de tout adapter pour trois voix et un piano, et ce dans n’importe quel style musical : jazz, classique, pop ; etc.

Ce spectacle final, c’est une sorte d’explosion vocale qui nous montre encore une fois l’étendue des possibilités de la voix.

Ainsi s’achève ce retour sur une Fête de la Voix réussie, riche en découvertes et en émotions. Vivement la prochaine ! On peut faire confiance à l’Ecole Magrini pour nous préparer encore une belle session, pleine de surprises musicales et de chaleur humaine.

Clotilde Foulier

Janvier 2019

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