La voix est libre : retour d’impression de stage de Chantal B.

STAGE GOSPEL DE MAI 2021 – Les mots de Chantal (merci ! <3)

Je partage aujourd’hui avec vous ce texte écrit par une de mes élèves à la suite du stage Gospel, en réponse à ma question, qu’est-ce que libérer la voix ? Comment libérer la voix ?

Libérer la voix

« La voix fait partie des tout premiers contacts que l’on établit et qu’on a établis.

Avant même de naître on entendait déjà la voix de notre mère et de ceux qui l’entouraient. La voix est pour chacun d’entre nous le premier contact avec le monde extérieur. Elle est donc connectée aux toutes premières émotions archaïques.

Puis, une fois dehors, avant que la vision ne se stabilise la voix s’accompagne du toucher et réciproquement.

La voix médiatise pour le tout petit, le monde et tout ce qui peut être incompréhensible et angoissant dans celui-ci. La voix chantant, parlant, berçant, expliquant, contant, nous fait prendre place dans le monde, nous fait l’habiter, nous l’approprier et plus tard, le transformer.

En devenant adulte on comprend que la voix fait partie des premiers contacts sociaux, passé l’instant du premier regard. Dès qu’on salue quelqu’un c’est par la voix et le geste qu’on le fait. Et une voix, inconnue, nouvelle, suscite immédiatement plaisir ou déplaisir, elle charme ou elle agace, elle attire ou elle rebute. Elle est une sorte de signature que l’on reconnait parfaitement.

Et puis il y a toujours, pour chacun, le jour où l’on entend sa voix et où on a un choc. On la trouve étrange, ridicule, trop grave ou trop perçante, avec des accents déplaisants. Souvent on ne l’aime pas, on aimerait la changer. On dit : « mais c’est moi ça ? Je ne parle pas comme ça tout de même ? » Mais les autres confirment « oui, oui c’est bien ta voix… »

Aïe aïe aïe ! ça fait mal !

Alors on essaie de « travailler » notre voix, c’est-à-dire de la contrôler, la transformer même, dans le cadre professionnel par exemple, pour qu’elle ne nous rende pas ridicules, pour qu’elle soit conforme aux attentes, pour qu’elle reflète ce que nous voulons transmettre de nous, de ce que nous pensons être.

Et puis, par-dessus ou au-delà, il y a la voix chantée, un moyen d’expression dont on est complètement dépossédé dans nos sociétés où le chant est réservé aux spécialistes. Sauf exception, on ne chante plus ensemble dans les familles, (on met un cd aux enfants pour les endormir au lieu de chanter une berceuse, on se sert de karaoké), on a totalement oublié que le chant est un des moyens privilégiés de constituer et fédérer le groupe. Le chant fait lien dans toutes les sociétés : il accompagne les rituels, les passages (de la vie à la mort, de la mort à la vie), il conserve les mythes et les cosmogonies, il soigne, permet d’exprimer les sentiments (la tristesse, la peur, l’amour, la colère…)

Mais dans nos sociétés occidentales, le chant s’est vidé de ses fonctions ancestrales. Il devient un artifice et la plupart d’entre nous se contentent d’écouter des chansons formatées à l’aune du profit. Même l’école a sa part de responsabilité dans cette dépossession : on a tous souvenir de cours de musique où le prof demandait, gentiment ou pas, à certains de se taire car vraiment ça n’était pas possible ! l’élève concerné était marqué au fer rouge de la honte : il chantait FAUX ! les autres ricanaient…il était exclu du groupe qui se constituait autour du chant.

Tout cela crée en nous des peurs, des terreurs même, des barrières, des refus, des limites, des auto censures.

Alors, lorsqu’il s’agit de chanter tout cela revient en force. On tente parfois de se « fabriquer » une voix que l’on croit répondre à ce que devrait être « une belle voix », on retient ce qui voudrait peut-être sortir… si ça allait être faux, ou pas conforme aux attentes ??? Horreur !!!

On respire mal, on sent l’oppression de la contrainte de conformité, la gorge se serre et on produit un son malingre, sans couleurs ni harmoniques, on n’est pas loin de suffoquer…mais de là à laisser sortir ce qui vient de loin, du fond, du tout au fond, des tripes…serait-ce bien autorisé de le faire ?

Mais oui, si vous avez la chance de travailler avec Lisa elle vous le dira tout de suite : « Sortez vos tripes, laisser venir, ne retenez pas, lâchez ce qui remonte du cœur de vous, de vos émotions, de votre histoire ! C’est ça qui nous intéresse, c’est ça qu’il s’agit de partager par le truchement de notre voix venue de ce bol tibétain, de ce bassin-chaudron qui recueille nos émotions, les traces de notre vécu. Ne vous préoccupez pas de chanter « beau » ! »

Alors parfois on s’autorise. Pas toujours et pas tout le temps, mais il y a déjà ces moments où l’on sent que c’est possible, qu’on peut le faire, qu’on est accompagné sur ce chemin et ça fait du bien de laisser parler sa vraie voix, celle qu’on découvre petit à petit, que l’on redécouvre, que l’on apprend à aimer avec ses particularités, ses harmoniques et ses faiblesses mêmes.

Et puis le groupe est là, qui étaye, qui rassure, qui enveloppe. Et puis Lisa est là, qui veille, qui construit le cadre dans lequel cette liberté peut s’exercer sans danger. Elle encourage, pousse et tient à la fois, ouvre pour nous ces espaces de liberté où s’aventurer avec son aide et sa bienveillance.

Merci Lisa !  »

Chantal

25 Mai 2021

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