L’hypnose et le chant : pourquoi et comment ?

                Je suis professeur de chant, coach vocal, chanteuse spécialisée en musiques anciennes, musiques sacrées et musiques du monde. J’ai ma propre école de chant depuis 2013 mais j’enseigne 2005. J’ai créé ma propre méthode d’enseignement du chant, je dirige deux festivals de musique dans le var. J’ai étudié le chant au conservatoire et à la Schola Cantorum de Bâle, j’ai une licence de musicologie de l’université d’Aix et j’ai étudié la psychologie pendant 5 ans, à Aix en Provence et à Montréal. 5 ans d’études de psychologie et je n’ai pourtant qu’une licence, parce qu’un lundi matin, à deux mois du master, j’ai réalisé que je n’étais pas prête à aider les gens et ce matin là, j’ai décidé de devenir chanteuse à plein temps. 

En devenant chanteuse professionnelle et professeur de chant, j’ai d’abord cru que mes années de psychologie étaient loin derrière moi, mais que nenni ! Il faut bien comprendre que le travail vocal démarre parfois comme un loisir mais continue le plus souvent en travail de développement de soi. On le sent intuitivement mais c’est très vrai : la voix touche à l’identité, au rapport au corps, aux émotions, aux relations aux autres, au vécu, aux traumas et à l’histoire de la personne. Toucher à la voix, oser l’offrir au monde, améliorer sa technique vocale.. tout ceci est loin d’être anodin ! Ce n’est pas pour rien que le travail vocal est de plus en plus utilisé en art-thérapie et en complément d’autres thérapies. Et c’est ainsi que j’ai rapidement compris que mes études de psycho ont été une étape nécessaire et non pas une erreur de parcours.

Dans ma quête de nouveaux outils à proposer à mes élèves, j’ai eu envie, en 2018, de m’associer à un hypnothérapeute. Cette collaboration extrêmement enrichissante (et drôle, parfois étrange, difficilement racontable en tout cas !) m’a poussée à apprendre l’auto-hypnose  d’abord, puis enfin franchir le pas de me former à l’hypnose cette année, avec trois objectifs :

• I ) Utiliser l’état modifié de conscience pour faciliter l’apprentissage de gestes vocaux et donc faire évoluer encore ma façon d’enseigner,

• II ) Utiliser l’hypnose pour travailler sur les blocages et le trac afin de gagner du temps. (coaching hypno-vocal pour des thématiques précises)

• III) Organiser des concerts sous hypnose pour changer les perceptions du public.

I) Transe de travail pour des cours de chant plus efficaces.

Mes cours de chant et de technique vocale se déroulent habituellement en trois temps : La mise en condition corporelle, la partie technique et la partie interprétation sur morceaux. Chacune de ces parties va bénéficier d’un apport grâce à l’hypnose.

A) Mise en condition corporelle

Un cours de chant commence avec une préparation corporelle de 5 à 20 minutes selon les besoins. J’utilise des exercices issus du Do In, de la cohérence cardiaque et du yoga afin de :

• Créer un sas de décompression ! On rentre dans un cours de chant comme dans un autre univers. Il faut que l’élève se déleste de sa charge mentale et de son stress quotidien pour pouvoir être ouvert à de nouveaux apprentissages. Sans ce sas de décompression, il est très difficile d’atteindre un état de réceptivité, c’est comme essayer de remplir un verre déjà plein !

• Reprendre contact avec le corps, lui donner la mobilité dont il a besoin pour chanter. Beaucoup de mes élèves sont des personnes assez sédentaires, alors ce petit réveil du corps devient pour eux un rituel nécessaire pour gagner en souplesse et en tonicité.

• Travailler la posture et la respiration. Pour la respiration j’utilise des exercices classiques de techniques vocales mais aussi des exercices récoltés dans d’autres pratiques corporelles. Cette partie est souvent associée à des visualisations pour travailler le sentiment d’ancrage et de présence.

• Travailler sur la proprioception qui est essentielle pour apprendre à développer sa voix. Par exemple, si on veut développer le son avec des vibrations jusqu’au périnée, il est important que la personne puisse avoir une connexion avec son périnée.

     En travaillant pendant deux ans avec Dimitri Sadek,, hypnothérapeute, j’ai réalisé que cette première étape ressemble beaucoup à une induction hypnotique (c’est à dire la mise en route d’un état modifié de conscience) ! A la fin de cette partie, l’élève est plus détendu, plus ancré, plus attentif à ses sensations, apte à démarrer de nouveaux apprentissages. Après cette première partie il ne manque pas grand chose pour induire un état modifié de conscience à proprement parler.

B) Partie technique vocale.

     Un cours de chant « habituel » se poursuit ensuite sur le travail technique. Cette partie ressemble à une séance de sport : l’élève apprend un nouveau mouvement vocal qu’il faudra répéter des centaines de fois pour que le geste soit acquis au fil des séances, etc … C’est dans cette étape que je trouve très intéressant d’introduire ce que j’appelle une transe de travail. Pour moi ça s’apparente à une transe légère, pendant laquelle l’étudiant est intensément plongé dans ce qu’il fait. Il ne pense pas à autre chose, tous ses sens sont focalisés sur sa voix et ses sensations. Typiquement l’élève ne voit pas du tout le temps passer et est surpris d’arriver à la fin de la séance. Il repart avec une grande sensation de bien-être, comme régénéré, parfois avec l’impression de s’être reposé. L’apprentissage est assimilé plus rapidement, et d’expérience, plus en profondeur.

Quand l’élève est dans cet état, je sais que le cours va être vraiment efficace. J’ai très vite appris à amener les élèves dans cette transe douce, même avant de connaître l’hypnose et l’auto-hypnose. Maintenant que j’ai de nouveaux outils à explorer pour amener les élèves dans cette transe, c’est extrêmement enrichissant et j’ai hâte de continuer à développer ma pratique.

C) Interprétation sur morceau

      Vers la fin du cours, nous travaillons sur un chant. Pour cette dernière étape, je peux utiliser l’hypnose pour travailler sur les émotions afin que l’élève découvre comment mettre de l’émotion dans la voix. C’est un petit peu le Graal de tous les chanteurs : comment communiquer ses émotions en chantant. Pour certaines personnes ça peut être naturel, mais c’est plutôt rare. En fait, c’est souvent un long apprentissage, mais grâce au travail hypnotique ce temps de travail peut être réduit. Pour l’élève il est donc très gratifiant et avantageux de travailler sa voix dans un état d’hypnose.

     C’est dans cette étape que je peux déceler parfois des personnes en état de dissociation. Après un choc ou un trauma, certaines personnes perdent le contact avec leurs émotions, ne savent plus où elles se trouvent, ou bien ne se sentent pas connectée avec le bas de leur corps, par exemple, ou bien la respiration est bloquée et a du mal à se connecter à la voix. Il y a un travail délicat à faire sur les émotions quand on chante (par exemple, apprendre à les vivre, les exprimer par le chant sans se laisser submerger.) Dans le cas de dissociation, j’invite toujours les élèves à travailler avec un psychothérapeute, tout en continuant le travail de reconnexion par le chant.

Au fil de mes recherches j’ai trouvé qu’il faut bien doser l’état de transe pour éviter l’amnésie hypnotique ! Nous sommes dans le cadre d’apprentissages, il faut donc que l’élève puisse mémoriser les sensations pour avoir une progression à long terme. Au tout début de mes expériences avec l’hypnose, j’ai amené des personnes à émettre des sons surprenants, mais en sortant de transe, elles n’en avaient aucun souvenir. Heureusement que j’avais enregistré les séances ! A l’écoute, ces personnes ont tout d’abord eu du mal à croire que ces sons provenaient d’elles, tant les voix étaient libérées de toute contrainte, sans leurs blocages habituels. Comme elles ont pu s’entendre sur l’enregistrement, nous avons pu travailler sur l’acceptation de leur voix.  Les cours de chants suivants se sont centrés sur comment intégrer ces nouveaux sons, et ça a fonctionné dans la mesure où il a aussi fallu prendre le temps de comprendre l’origine des blocages sur la voix. L’hypnose a dans ce cas été une porte d’entrée très efficace pour travailler et épanouir la voix.

J’ai développé le coaching hypno-vocal pour aider mes élèves à se libérer de leurs blocages : peur de chanter faux, peur de chanter en public, trac, peur du jugement, et pour faire gagner du temps dans l’apprentissage du chant. Mais les utilisations de l’hypnose dans le chant sont nombreuses et je découvre tous les jours de nouvelles applications intéressantes. Je suis en perpétuelle recherche !

Si vous sentez que c’est une expérience qui vous appelle, n’hésitez pas à me contacter pour que nous puissions parler de votre projet vocal ! (vous pouvez même laisser un commentaire ci-dessous !)  Vous pouvez aussi aller consulter la page chant et hypnose, coaching hypno-vocal pour en savoir plus.